dimanche 14 décembre 2008

Affronter la douleur

La mort. Quel mot terrible!
Il y a différente réactions:
Ceux que ne veulent pas en entendre parler.
Ceux qui qui la souhaitent
Ceux qui en ont peur.
Ceux qui disent ne pas en avoir peur,
mais ne pas vouloir souffrir.

Il y a la peur.
Il y a la peur d'avoir peur.
Il y a la peur de vieillir.
Il y a la peur de mourir.
Il y a la peur de voir mourir.
Il y a la peur de la violence.
Il y a la peur de l'intimidation.
Il y a la peur de la douleur.

Vaincre ses peurs, c'est se donner une chance de vivre.
Mais la douleur lorsqu'elle cesse d'être une peur,
lorsqu'elle est là, en nous
peut-on s'en accomoder pour contineur à vivre ?
Le débat est d'actualité. On parle de plus en plus du droit au suicide assisté. Mais tel n'est pas le but de mon propros. Quoique le sujet est fort intéressant.

J'ai plutôt deux billets à venir sur le contrôle qu'on peut avoir sur une vraie douleur. Peut-on la contrôler par le simple conditionnement de son cerveau?

Dans ma tendre jeunesse, j'avais le goût de cultiver le stoïcisme. J'étais influencé par des héros de romans. J'avais été influencé par le livre Exodus, par exemple. À cette époque, les romans et les films de la Rome antique étaient mes préférés. Cette époques, les coutumes, la civilistaion du temps, ses héros me fascinaient.

Un jour, un film allait changer ma vie: Les esclaves de Cartages. Imaginez, je me souviens encore du titre. Vous pouvez cliquer sur le lien pour en voir un court extrait. J'étais allé voir le film au cinéma avec Yves mon frère. Ma mère, mes frères et soeurs n'étaient pas à la maison.

En revenant du film, Yves et moi avons décidé de nous battre à l'épée, comme faisaient les Romains. Nous avons pris chacun un couteau à pain que me mère venait tout juste de faire aiguiser chez le boucher. Les lames étaient scintillantes. J'avais de l'initiative. C'est moi qui avait proposé à Yves le jeu de la bataille à l'épée. Un vrai jeu de gars, des gars pas peureux.


Mais il a pris le jeu beaucoup plus au sérieux que je ne l'aurais cru. Tout d'un coup, je suis devenu un gars peureux. J'ai vite dit que je ne voulais plus jouer. Trop tard!

Yves, grisé par sa victoire sur moi donna un dernier coup m'atteignat à la main gauche. Puis tout s'est déroulé à la vitesse de l'éclair. Peu de temps après, j'étais installé sur une table à la salle d'urgence.

Quand ma mère entra dans loyer, elle vit la scène du crime, téléphona à l'hôpital et s'y rendit en vitesse, les jambes molles.

À suivre...

vendredi 12 décembre 2008

Souffrance en silence

Mon dernier billet était un plaidoyer sur la transparence. En d'autres mots je parlais de l'importance de ne pas avoir peur de montrer la réalité et s'y adapter. La vie est souvent plus facile quand on partage ce qu'on vit.

Pourtant, il m'est arrivé de faire le contraire. Il m'est arrivé de ne pas parler de certaines souffrances. Contrairement aux commentateurs de nouvelles, j'aime mieux partager les événements joyeux. Je demande à Laure de ne jamais garder pour elle des pensées qui la font souffrir. Je lui dis que c'est toujours plus simple de tout partager, même ce qui blesse. Mais, je ne le fais pas toujours.

Il y a quelques années, quelques jours avant Noël, j'étais allé reconduire Laure à son party de bureau du temps des fêtes. Le temps était exécrable. J'avais rarement vu une pluie si forte et une visibilité si détestable. J'étais sur une rue qui donnait sur le côté de ma maison. Cette rue n'avait ni trottoir, ni lampadaire.

Je suivais une auto qui roulait lentement. Elle était environ à 20 mètres de la mienne. Tout à coup, je l'ai vu tourner d'un coup sec sur la gauche. J'ai cru voir des sacs renversés sur la chaussée. Je me suis engagé à gauche pour les éviter, ne sachant pas trop ce que c'était. En m'approchant, j'ai entendu des cris d'enfants. Mon coeur s'est accéléré de façon inquiétante.

Une auto s'en venait en direction opposée. Pour ne pas prendre de chance, je me suis tout de même déplacé complètement à gauche. Je risquais une collision frontale. L'auto a ralenti. J'ai pu avancer et me ranger à droite au dernier instant. Je me trouvais à quelques pas de ma maison. Mais le choc m'avait fait perdre le souvenir des derniers moments avant d'entrer dans la cour.

Je suis entré et j'ai téléphoné à la police pour signaler l'événement. Le lendemain, Véro m'a dit qu'on avait donné le signalement de mon véhicule à la radio et qu'on demandait que le propriétaire se rapporte au poste de police, ce que j'ai fait. J'ai fait une déclaration. Je ne l'ai pas lue avant de la signer. Quelques mois plus tard, on m'a appelé pour que j'aille témoigner en cour.

Pendant un an, je paniquais. J'avais des maux de tête. J'entendais les cris des enfants qui avaient été frappés en se rendant à un party de Noël. Je n'avais rien fait de mal. Mais j'allais jusqu'à me demander si j'avais pu les toucher avec mes pneus sans m'en aperçevoir. Les enfants n'avaient pas survécu à leurs blessures.

Je trouvais que le cauchemar était trop grand pour être partagé. J'étais incapable, mais totalement incapable d'en parler. Mais j'ai compris la souffrance de ceux qui accidentèlement peuvent vivre des instants semblables. Les parents des inocentes victimes tenaient à ce qu'il y ait un procès. Ils avaient besoin d'un coupable pour faire leur deuil. C'est une dame qui était accusée. C'est elle qui conduisait l'auto qui me précédait. Les accusations ont été rejetées suite à mon témoignage aux policiers. Je ne l'ai jamais vue. Mais j'ai souvent pensé à elle.

J'ai tout de même beaucoup appris de cette situation. C'est fou parfois comment on peut se sentir coupables lorsqu'on vit de trop près un événement traumatisant. Dans mon cas, c'était pire puisque j'avais déjà perdu une soeur àgée de 11 ans. J'ai beaucoup appris. Mais si c'était à refaire, je crois que je vivrais tout de la même façon. Le plus paradoxal, c'est que je conseillerais à tout le monde de faire le contraire.

Pour vous réchauffer le coeur, je vous propose un vrai cadeau: les voeux de Noël de Réjean Mélançon
Cliquez sur l'image

mercredi 10 décembre 2008

L'intimidation


Compte tenu des antécédents du client, nous nous sommes présentés à trois:
Serge F, chef du service de réadaptation,
Michel V, directeur de l'indemnisation, et moi.

En entrant dans le bureau, j'ai donné la main et j'ai fait les présentations. Le client n'a eu aucune réaction. Son visage est resté de glace, dur. Il n'a regardé personne. Il avait un papier dans les mains. Il l'a déposé sèchement sur la table. Il y avait un montant de quelques centaines de dollars d'écrit sur le papier et juste devant, c'était écrit à la main: médicaments.

Michel V. a demandé au monsieur s'il avait des reçus de pharmacie. Le monsieur a donné un grand coup sur la table, la main ouverte, et a dit: As-tu envie de me faire passer pour un menteur, mon écoeurant ? Michel V. a sursauté et ravalé sa salive.

Le client n'a jamais levé les yeux. Il regardait à terre. Le fait de me sentir responsable de la situation, devant des collègues, m'a donné des ressources, un calme que je n'ai pas normalement. Je me souviens très bien avoir dit:

Monsieur, regardez-moi dans les yeux.

Il l'a fait. Mais c'est comme si ça venait de le déstabiliser. Ce qui m'a donné un peu d'assurance et j'ai ajouté: Si je vous disais que nous allions payer ce montant sans demander aucune preuve, vous vous diriez que je suis un parfait imbécile et vous auriez raison. Vous allez donc faire tout ce que monsieur V. va vous demander de faire.

Le monsieur a répondu froidement: Votre monsieur V. je ne lui aime pas la face. Quand j'aime pas la face de quelqu'un, je ne peux garantir de rien. Et si je n'ai pas de médicament, je n'ai aucun contrôle sur moi. L'athmosphère était très lourd. J'ai demandé au client si je devais considérer son commentaire comme des menaces. Il a fait un léger signe que non. Je lui dit que c'était mieux ainsi pour lui parce que avec tous les témoins que j'avais, je n'aurais perdu de temps pour appeler la police. Je continuais de le fixer dans les yeux. J'ai fait une légère pause et j'ai ajouté:

J'ai entendu dire que vous aviez fait plusieurs menaces à nos employés dans le passé. Ça ne sera plus toléré. Je vous demande de revenir demain et je vous remettrai un papier indiquant à quelles conditions vous pourrez venir ici. Je vous demande de vous faire accompagner d'un témoin en qui vous avez confiance.

Le lendemain, le monsieur s'est présenté en compagnie du propriétaire de la maison de chambre où il se trouvait. Par hasard, je connaissais ce propriétaire depuis longtemps. J'ai remis une feuille avec 15 conditions à remplir pour que le monsieur puisse venir au bureau: toujours m'appeler à l'avance pour prendre le rendez-vous, toujours venir accompagné d'un témoin, etc. Je l'ai assuré que s'il se présentait au bureau en ne tenant pas compte d'une des conditions, j'allais porté plainte à la police.

Le monsieur a regardé le papier. Il est devenu vert, puis rouge. Il a friponné le papier, l'a jeté à terre. Sans dire un mot il est parti et n'est jamais revenu.

La morale de cette histoire:
Je ne sais pas si c'est vrai pour tout le monde. Mais mon expérience personnelle est à l'effet que dans les situations les plus traumatisantes, il faut se faire confiance. Si on ne réussit pas du premier coup à vaincre une difficulté, chacune de celles que nous vivrons nous rendra plus habile à contrôler la suivante du même ordre.




Il est toujours possibilité de contrôler la violence en milieu de travail quand les responsables se responsabilisent et savent s'impliquer personnellement. Le jour où j'ai commencé à donner de la formation sur les moyens pour vaincre la violence et l'intimidation, j'ai appris que des collègues avaient de la difficulté à dormir.

J'avais un plan d'action qui demandait de signaler tous les cas susceptibles de rebondir. Chaque situation était étudié. Et dans tous les cas, un plan d'action impliquant plusieurs personnes était déjà prévu.

Je déplore qu'il y ait tant de violence dans les milieux de travail, les écoles, les rues, les lieux publics. Honnêtement, je crois qu'il y a des solutions. Ce qu'il faut c'est une volonté, du courage politique et des moyens à la hauteur des défis. C'est mon expérience! La grande chance que j'ai eu, c'est qu'on m'a fait confiance pour les moyens à mettre en oeuvre. On a fait appel à ma créativité. Et mes suprieurs me suportaient lorsque j'intervenais.


La violence ne doit pas être un spectacle pour faire grimper les cotes d'écoute.Je Les Nations Unies ont-elles encore leurs raisons d'être?La charte des droits et liberté protègent davantage les aggreseurs que les victimes? Est-ce que le taxage existe encore ?



Je maintiens que les moyens pour combattre la violence sont simples. Mais sont-ils tous applicables dans une démocratie?

lundi 8 décembre 2008

Affronter la violence de front

Ingrid Bétancourt
Voir la violence de notre univers est insupportable. Les grands reportages télévisés en montrent le visage sous différents aspects: la violence faite aux femmes, les enfants soldats, les prises d'otage à des fins politiques ou les enlèvements pour s'enrichir, les réfugiés laissés à eux-mêmes, les fonds humanitaires détournés, les populations dépouillées de tout aux profits des multinationales, la torture, les prisonniers politiques, la violence dans les écoles, les gangs de rue, les populations désespérés, humiliées, les sans papiers, les malades mentaux sans abris, les personnes âgées abusées, les filles de rues abusées, etc.

Ce qui me révolte un peu pour ne pas dire beaucoup, c'est qu'au delà du spectacle télévisé, il ne se passe rien. Il n'y a ni responsable, ni piste d'actions, ni même de discussions entre des acteurs susceptibles d'agir.

La violence qu'on nous montre, c'est ailleurs. Mais lorsqu'elle nous touche, si minime soit-elle, on ressent comme des vertiges. On la craint, on panique, on la fuit, on tremble.

Tout jeune, avant même d'aller à l'école, je l'ai entrevue la violence. J'ai vu un homme ivre en pleine rue battre son enfant. À l'adolescence, j'ai vu ce qu'on appelait à l'époque des gangs de vestes de cuir s'affronter au milieu de la rue, devant chez moi, à coup de poings et à coup de chaines. J'avais le coeur qui battait presqu'à rompre ma poitrine. Ça m 'a marqué.

Quand j'ai commencé à travailler comme agent d'aide sociale, la rencontre avec mon premier client aggressif m'a traumatisé. J'aimais mon travail. J'ai donc décidé de vaincre cette peur. C'est ainsi que j'ai demandé qu'on me réfère le plus de clients aggressifs ou violents possible. J'ai été exaucé. J'ai été responsable des dossiers de prisonniers, des clients sans adresse, ceux qui se présentaient à la réception en état de crise et de tous ceux que me collègues avaient identifiés comme tels.

Je n'ai jamais vaincu complètement mes peurs. Mais j'ai appris à vivre avec elles, comme un artiste vit avec le trac. J'ai vite découvert que ce sont les premières minutes qui étaient difficiles et que la suite était la plupart du temps très riche au plan humain.

Peu après que j'aie demandé qu'on me réfère les clients aggressifs ou violents, il s'en présenta un qui avait toutes les caractéristiques recherchées pour répondre à mon souhait. Il avait déja lancé des chaises, des cendriers et il était à la réception en état de crise. J'ai pris un grand respire et je suis descendu à sa rencontre.

A suivre...

En attendant la suite, voici deux invitations:

  1. Réjean a réalisé un vidéo très émouvant sur son dernier billet. C'est à voir. Très émouvant. J'ai été impressionné par le texte écrit par son père et le montage que Réjean en a fait. Cliquez sur le lien suivant:Les voeux de Réjean


  2. Petit message recu de notre amie Caracol (Carole Facal) aujourd'hui dans ma boîte de courriel:


Je n'écoute jamais la télé... Mais on m'a dit que le vidéoclip du Mépris était la semaine dernière dans le Top 5 Musimax!
C'est bon de savoir que tous ces beaux votes servent à quelque chose, n'est-ce pas! Je vous redonne le lien si vous voulez le maintenir au sommet... On peut voter chaque jour pour les plus motivés d'entre vous:
http://musimax.com/top5/franco/index.php

vendredi 5 décembre 2008

Figer ou foncer

Il est assez révélateur de constater que le mot épreuve en français est synonyme de test. La différence entre paralyser ou se surpasser est parfois très mince. Ça peut être un petit rien du tout. Parfois même ce sont des faiblesses qui nous causent de profonds malaises difficilement supportables.

Voici un exemple. Quand j'ai entrepris mes années de collège, j'étais terrorisé à l'idée de parler devant la classe. La première fois qu'on a demandé un volontaire, j'étais tellement paniqué que je me suis empressé de lever la main en ne me donnant aucun temps de réflexion.

Je ne ratais jamais une occasion de me prêter volontaire dans l'espoir de venir à bout de cette fichue peur. J'ai fini par y prendre goût. J'organisais des partys, je faisais du théàtre, je composais même les textes pour me mettre en scène.
Je me costumais presqu'à chaque fois que j'allais dans un party. Les photos suivantes ont été prises dans un party en 1981 à la CSST (Commission Santé Sécurité du travail) où je venais tout juste d'être employé.



Cinq ans plus tard, j'avais coupé ma barbe. Personne ne me reconnaissait. Pour le party de Noêl, je m'étais déguisé en agent de sécurité. On aurait dit que ce costume portait malheur. Il m'avait été prêté par Bertrand Fabi. Ce dernier était courreur automobile. Il se préparait à partir pour une course automobile en Angleterre. Il a perdu la vie à cette occasion.

Le soir du party de Noël, avant de donner mon spectacle costumé, je me trouvais aux côtés d'un ami Serge F. Il attendait sa compagne avec qui il avait eu 2 ou 3 enfants. Il était nerveux. Il se demandait pourquoi sa compagne n'était pas encore arrivée.

Il a téléphoné chez lui. Sa compagne lui a répondu. Elle était retournée à la maison parce qu'elle avait un problème avec l'auto. Elle lui a dit de ne pas s'inquiéter, qu'elle partait tout de suite.

Serge était encore inquiet. Il ne pouvait prendre le repas. Il est allé prendre un verre au bar. Sa compagne n'arrivait toujours pas. Il a téléphoné à la Sureté du Québec. Les policiers n'avaient rien à signaler. Ils ont tout de même noté le numéro de téléphone pour le rejoindre.

Serge était encore au bar, lorsque j'ai commencé mon spectacle. Puis il est sorti de la salle sans que je ne m'en aperçoive. Alors que je continuais mon monologue, Serge est entré, il a crié: ma femme est morte. Elle venait d'être frappée mortellement par un monsieur ivre qui s'était introduit sur l'autoroute dans le mauvais sens. Ça refroidit un party! Un party de Noël en plus.

Vous pouvez imaginer facilement que j'ai tout de suite mis fin au spectacle. Le plus incroyable, c'est que quelques collègues de travail ont suggéré de continuer le party. Je me suis approché à nouveau du micro pour dire que je n'avais plus le goût de continuer. Le respect commandait que chacun quitte les lieux.

Les deux exemples montrent des réalités bien différentes. Ma peur maladive de parler en public m'a donné des ailes. Je n'ai pas manqué une occasion de le faire jusqu'à ce que j'y prenne goût.Ceci me fut très bénéfique parce que durant la plus grande partie de ma vie active j'ai eu à le faire régulièrement. J'aurais pu réagir autrement. Je ne sais pas ce qui a fait la différence.

Le 2è exemple montre qu'il y a aussi des épreuves qui dépassent les limites de ce qui est acceptable. Pour ce type d'épreuves, je reste bouche bée, perplexe. Je ne trouve pas de logique suffisamment forte pour m'aider à comprendre qu'elles puissent exister.

Mais je sais que dans de telles occasions, le moindre geste est très touchant. Un médecin qui travaillait avec nous est allé commandé un gros jambon chez le boucher, l'a fait cuire et il est allé le porter en personne chez Serge. Il lui a dit: J'ai pensé que ça te serait plus utile que des fleurs.

Serge m'a raconté le lendemain comment le geste l'avait réconforté. Sa douleur le rendait plus sensible au moindre geste, surtout les plus symboliques et authentiques. J'ai été surpris de voir comment il pouvait puiser des forces dans la sympathie qui lui était témoignée.

Quand à moi, j'ai tout de même essayer de faire ma part. Mais j'allais frapper un mure...

A suivre...

mercredi 3 décembre 2008

La vie d'un inconnu

Je reprends un autre événement dont j'ai déjà parlé. Cet événement m'a marqué profondément. J'ai cru utile de le ramener sur le tapis pour faire le lien avec la mort de mon père et les prochains billets.

Il y a environ 4 ans, j'étais à organiser un événement important pour souligner le 25è anniversaire d'un organisme qui me tenait à coeur. J'avais réservé la magnifique salle de l'amphithéâtre.

C'était dans un lieu historique désigné Patrimoine du Canada: Le Théatre Granada de Sherbrooke, rue Wellington. Plusieurs artistes s'y sont produits dont Maurice Chevalier.

En pleine période d'organisation de l'événement, j'ai eu une migraine. Une vraie. Ma pression s'est emballée. Je ne parvenais plus à lire et ni écrire. J'ai dû être hospitalisé pour quelques jours. J'avais une assurance qui couvrait les chambres privées. Mais, sans trop réfléchir, j'ai plutôt choisi une chambre à deux. En entrant dans la chambre, j'ai remarqué que mon voisin de chambre dormait. Il était environ 22h. Les lumières étaient allumées.

Juste dans l'entrée de la porte, grande ouverte, deux employés en service s'arrêtent, placotent à très haute voie, rient, se font du charme. Mais le charme n'a pas eu de prise sur moi. Mon voisin que j'appellerai Monsieur K s'est réveillé. Je me suis levé, je me suis approché de son lit et lui ai demandé si le bruit lui causait des problèmes. Il m'a confirmé que oui. Il était souffrant. Donc, dormir était très précieux.

Je me suis présenté devant les employés et j'ai fait une petite crisette, blamant leur manque de respect pour mon voisin. J'ai parlé un peu avec lui. Il avait travaillé à l'Institut polytechnique où il y avait eu une fusillade en 1989. Le lien qui précède présente le reportage télé sur l'événement.

Il connaissait Marc Lépine, le meurtrier des 14 filles tombées sous les balles. Il lui a même parlé le matin du drame. Il était responsable du magasin et avait dû démissionner par la suite. Le choc psychologique avait été trop brutal. Maintenant, il était à l'hôpital depuis 3 semaines pour un cancer.

Le lendemain, je me suis absenté de la chambre. Lorsque je suis revenu, Monsieur K. était assis à côté de son lit. Il pleurait. Je lui ai demandé la raison de sa peine. Il venait de voir son médecin. Un verdict implacable était tombé: son cancer était incurable.

Il pouvait suivre des traitements de chimiothérapie qui pouvait le prolonger de quelques mois. Il ne savait pas trop quoi faire. Je me suis rendu au poste des infirmières pour qu'on s'occupe un peu de ce voisin désemparé au plus haut degré.
Par la suite, le monsieur a voulu que je prenne place sur la chaise à côté de son lit. Il se sentait complètement démoli, incapable de décider quoique ce soit. Il voulait savoir ce que j'en pensais.

Ce genre de situation m'intrigue. Je devais normalement être ailleurs, en train de travailler à l'oganisation d'un grand événement. Je me trouvais à l'hôpital comme pour accomplir quelque chose de capital dans la vie de quelqu'un que je ne connaissais pas. Je devais l'assister dans son choix de vivre ou mourir, l'aider à cheminer dans cette période traumatisante. Tout un programme! Je ne pouvais ignorer la confiance qu'il semblait me faire.

De la fenêtre de sa chambre, je voyais exactement le même décor que celui de la chambre d'hôpital où ma mère est décédée. C'était au même endroit, mais quelques étages plus haut. La photo suivante est celle de l'hôpital en question: le CHUS.


Monsieur K. insistait pour que je lui donne mon avis sur les traitements à suivre ou pas. Je lui ai dit que je comprenais très bien sa situation. J'ai ajouté: je ne peux vous dire quoi faire, mais je peux vous parler de ce que mon père a fait. Je lui ai expliqué dans les moindres détails la dernière journée passée avec mon père. Je lui ai parlé de son moral, sa lucidité, son désir de ne pas souffrir.

Après avoir entendu le récit de la mort de mon père, sa décision était claire. En suivant la même voie, il savait qu’il lui restait au maximum 3 mois à vivre. À partir de cet instant, Monsieur K était complètement transformé, me suivait partout, me posait des tas de questions existentielles, telles ma conception de la vie, la mort, la foi.

Monsieur a quitté l’hôpital avant moi. Mais en me quittant il m’a fait une accolade empreinte de sincérité. Il a dit qu’il était heureux de m’avoir rencontré au bon moment. Il a ajouté qu’il avait eu la chance de faire le plein de courage et qu’il se souviendrait jusqu’à la fin de nos échanges. Ses yeux étaient très expressifs, calmes et reconnaissants.

Ce qui m'avait rendu si proche de monsieur K, c'était une foule de coïncidences, je pourrais même dire une série d'épreuves personnelles. J'avais eu une terrible migraine inexplicable qui avait chamboulé un horaire serré. Il se trouvait au même hopital où ma mère était décédée moins de 2 ans auparavant. Sa maladie était la même qui avait terrassé mon père.

Monsieur K. était devenu en peu de temps très important pour moi. Il le sentait. La souffrance nous avait rapprochés et enrichis. Cette expérience m'a aussi démontré la force des ressources que nous avons en nous. Et souvent, nous avons besoin de quelqu'un pour les mettre en action.

mardi 2 décembre 2008

Isa

Vous permettez que je fasse une petite pause ? Je reviendrai au grand départ de mon père dans le billet suivant. Mais question de détendre un peu l'athmosphère je voudrais vous présenter une bonne amie à moi: Zoreilles. Elle a un billet présentement où elle parle du temps où elle était écrivaine publique. Vous pouvez y avoir accès sur le lien suivant: Zoreilles, écrivaine publique. Il y a quelque chose qui m'émeut et m'émerveille dans cette expérience. Zoreilles et moi, nous nous sommes connus comme animateurs de forum de discussion pour Bell Sympatico. Ce fut une très belle expérience, une complicité unique. Elle nous avais reçus en vacances dans son domaine de rêve au bord du Lac Dufaut. C'est là que nous avions fait connaissance d'Isa, le plus jeune écrivaine du Québec, peut-être même du Canada. Cette visite nous réchauffe encore le coeur. Voici la pochette du livre d'Isabelle, et la dédicace qu'elle nous avait adressée.